Thorgal – 16 – Louve
Ce sujet a 27 réponses, 7 participants et a été mis à jour par Thorgal-BD, il y a 7 ans et 5 mois.
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Sujet
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Paru il y a 25 ans, Louve est un album très important de la saga thorgalienne. Il raconte la naissance de Louve, moment heureux s’il en est, tout en baignant dans une atmosphère sombre.
Thorgal
Louve
Album n°16
Novembre 1990Dès la couverture de l’album, cette ambivalence est présente. Pourtant c’est ma couverture préférée. Aaricia y apparait très sensuelle, alors qu’elle vit des moments particulièrement difficiles. Le loup sortant du brouillard alimente le doute sur la suite des évènements.
J’ai découvert sur le site Pop Fixion un texte intéressant écrit par Julien A. Il analyse le récit qui balance entre humanité et bestialité. Je vous en copie certains passages : http://www.popfixion.fr/articles/article-118-Autres-Medias-Louve-un-album-sombre-et-mythique-de-la-saga-Thorgal [Edit : page à présent supprimée sur le site]
Louve, un album sombre et mythique de la saga Thorgal
Cet album est un des plus sombres de tout l’univers de Thorgal, et cela se manifeste à tous les points de vue. Sombre déjà car la plupart des scènes où l’action est décisive a lieu de nuit (et même sous la pluie par moment, accentuant ainsi la tension dramatique de l’épisode narré), l’arrivée du soleil coïncidant avec la disparition de la menace qui pèse tout au long de l’album, et surtout avec la naissance de l’enfant à la toute dernière page… Sombre également car, pour la première fois, Thorgal n’a pas d’autres choix que celui d’utiliser ses talents de chasseur et de guerrier dans la mise à mort de ses adversaires, sa famille étant en grand danger ! Sombre enfin car le scénariste Jean Van Hamme semble s’être inspiré de l’ambiance des films d’horreur pour bâtir un scénario très angoissant. Les Vikings de Wor, tombent les uns après les autres sous les coups d’un vengeur assoiffé de sang. Ce qui permet d’instaurer une histoire parallèle à celle de Thorgal et de sa famille, rythmant ainsi l’aventure, tout en trouvant son dénouement en même temps que le récit principal.
Le seizième tome des Aventures de Thorgal présente ici un final original et très intéressant car notre enfant des étoiles se retrouve extérieur et impuissant à l’action qui est en train de se jouer à la fin de l’album. En effet nous avons dans un premier temps une pauvre Aaricia séparée de son mari, en fuite et sur le point d’accoucher, qui trouve refuge dans une grotte aux côtés d’une louve prête, elle aussi, à mettre bas ses petits. Puis en second lieu, il y a Thorgal, blessé et acculé, incapable de défendre son fils et sa propre vie face à son ennemi, qui doit miraculeusement son salut grâce à l’intervention providentielle d’un personnage grotesque et pathétique, celui de l’infortuné « bossu », se jetant sur Wor dans une action vengeresse.
Bien que se déroulant de manière linéaire, la progression de ces deux épisodes se fait par effets de symétrie et miroir dans le but de créer un parallélisme parfait illustrant les possibles rencontres entre humanité et bestialité, civilisation et sauvagerie. Par un jeu de miroir, le duo Aaricia/louve reflète le duo Wor/le « bossu », mais les contacts sont construits sur une relation d’opposition. C’est pourquoi nous avons d’un côté Aaricia et une louve maternellement unies dans un acte de vie ; de l’autre Wor et le « bossu » réunis dans un terrible affrontement qui précipite les deux adversaires dans le gouffre de la mort. Il est tout de même intéressant de remarquer que le personnage du « bossu », malgré son apparence repoussante et son caractère sauvage, est animé par un intense sentiment de vengeance à l’égard d’un homme lâche et cruel, ce qui nous amène à nous interroger sur celui qui est véritablement le monstre de ce duel final…
Jusqu’à la toute fin, Wor, dont les armes traditionnelles deviennent inutiles face au « bossu », nie toute humanité à son adversaire. Doté à présent de griffes tranchantes en remplacement de sa main amputée par le même Wor au début de l’album, le triste « bossu » est devenu un loup assoiffé du sang de son ennemi, ennemi dont les précédents agissements, sous couvert de civilisation, faisaient néanmoins preuve de la plus horrible barbarie. L’humanité de ces deux personnages, animés par la haine et la vengeance, s’estompe peu à peu pour faire place à la plus sauvage des bestialités dans un duel ne pouvant s’achever que par la mort des deux adversaires. En dépit de son surnom, Wor n’aura ainsi été magnifique que pour le final d’une des plus belles aventures de Thorgal.
La vie d’un côté et la mort de l’autre, Thorgal, quant à lui, n’ayant pas rencontré son corollaire animal, s’est donc vu irrémédiablement écarté de l’action, et ce, pour mieux retrouver à la fin de l’album Aaricia, son aimée, et son enfant nouveau né portant le nom hommage de Louve, nom qui clôt admirablement le débat sur le contact entre humanité et bestialité. Par cette marque de reconnaissance, Aaricia se pose d’égale à égale avec le loup, qui en dépit de sa réputation, n’est pas le prédateur le plus dangereux et le plus cruel de cette Terre…
Julien A.