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Largo Winch – La suite avec de nouveaux scénaristes
Mots-clés : Eric Giacometti, La Frontière de la Nuit, Largo Winch, Philippe Francq
Ce sujet a 42 réponses, 9 participants et a été mis à jour par
tjahzi, il y a 1 jour et 5 heures.
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On n’a pas encore parlé du dernier Largo « Si les dieux t’abandonnent… », le tout premier écrit par le scénariste Jérémie Guez. On peut dire que c’est un album classique, car on retrouve tous les ingrédients qui ont fait Largo Winch : de l’aventure, du dépaysement, des jolies filles, des amitiés qui durent, et bien évidemment un complot à démêler.
Bizarrement, j’ai même l’impression que tout est déjà joué au terme de cette première partie. La sensation qu’on connait les ficelles du scénario, mais qu’on ne sait juste pas dans quel ordre elles vont être tirées dans la seconde partie du diptyque intitulée « …Ferme les yeux ! ». A voir si le deuxième tome nous emmène dans des chemins imprévisibles.
L’album se lit vite car les dialogues sont légers, il donne une part importante à l’action mais aussi l’enquête menée tambour battant par Largo. Il intègre aussi les nouvelles technologies avec l’arrivée de drones tueurs. Cette fois, il ne faut donc aucune compétence dans le monde de la finance pour décrypter l’histoire qui file à tout allure.
Finalement, tout ça manque quand même un peu de profondeur et d’émotion. Malgré tout, l’élément original du scénario est l’arrivée de la jeune fille que Largo prend sous son aile. On a l’impression qu’elle va l’accompagner au-delà de ce diptyque.
Et puis, à la différence du dernier Thorgal que je trouvais terne à cause de ses scènes qui se déroulaient de nuit, sous terre ou sous la pluie, ce nouveau Largo joue avec les couleurs, cela rend l’album agréable à feuilleter.

thorgal-bdWebmestre J’étais à peu près certain d’avoir posté mon avis ici, mais manifestement non.
D’autant que de mon côté j’ai adoré cet album. Acheté et lu dans la même journée, en version augmentée bien sûr. J’ai surtout trouvé que Jérémie Guez a tout compris à ce qu’est cette série et à ce qu’on peut en faire de nos jours.
Pour moi c’est la reprise parfaite, il y a tous les ingrédients. Le charme, l’aventure, l’humour, les thèmes d’actualité, le voyage aussi bien intérieur qu’extérieur.Comme toi Tjahzi, il m’a semblé que les enjeux étaient déjà globalement posés et que la fin d’album, assez douce, plaisante voire poétique, n’affiche pas cette urgence qu’on ressentait systématiquement dans les premiers cycles. Mais au fond ça ne me dérange pas, on connaît bien Largo, on sait qu’il n’y a guère que lui qui peut se mettre lui-même vraiment en danger. Son groupe est solide, il a placé des amis à lui partout, il faut trouver de nouvelles approches.
J’ai tout aimé, les couleurs aussi bien sûr, et ce dessin toujours aussi virtuose qui régale à chaque page.
Largo Winch, c’est pour moi une série qui a su conserver depuis ses débuts un niveau de qualité, de plaisir et d’exigence très élevé. Un seul album par an mais à chaque fois c’est un événement. Bravo.
Mon unique petit regret est d’avoir à chaque fois, avec la version augmentée, une couverture à fond blanc qui uniformise la série. Mais j’aime profiter des quelques mots ajoutés en fin d’album (et qui pourraient, qui devraient, être inclus dans l’édition normale pour être offerts à tous les lecteurs, qui le méritent pour leur fidélité).
Entretien sur Agenda BDThorgal-BD a écrit
Largo Winch, c’est pour moi une série qui a su conserver depuis ses débuts un niveau de qualité, de plaisir et d’exigence très élevé. Un seul album par an mais à chaque fois c’est un événement. Bravo.Houlà, 1 album chaque année, c’était il y a plus de 20 ans ça !
Depuis, c’est un album tous les 2 ans…Je viens de lire un entretien intéressant avec les deux auteurs du nouveau Largo Winch sur Agenda BD. Je vous en partage quelques extraits.

« Après 4 tomes scénarisés par Éric Giacometti, un nouveau collaborateur vient le remplacer. Romancier et scénariste de cinéma et de télévision, Jérémie Guez forme avec Philippe Francq le nouveau duo aux commandes des aventures du milliardaire en blue-jean.
Philippe Francq : C’est un album qui, comme souvent dans la série, reste fidèle à son univers tout en étant unique. Le lecteur se régalera à retrouver certains paysages familiers, mais aussi à en découvrir de totalement nouveaux, ainsi que des personnages inédits.
Jérémie Guez : C’est un vrai retour aux origines, dans l’esprit de La forteresse de Makiling ou L’Heure du tigre. Largo y évolue dans deux pays encore jamais dessinés, en jean et baskets, courant partout sans recourir à ses milliards ni à la puissance de son groupe.
[…]
Philippe Francq : Quand je travaille sur un scénario, ou quand je lis un scénario comme du temps de Jean Van Hamme, j’imagine toujours les scènes qu’il faudra dessiner. Et souvent, je me dis : « Ça, c’est impossible, je n’y arriverai jamais. » Je pense par exemple à Voir Venise, avec ce personnage transpercé par le mât d’un parasol, projeté hors du building et planant au-dessus de Central Park. Je me disais : « Jamais je ne pourrai rendre crédible une séquence pareille. »
Les séquences qui m’ont toujours fait un peu peur sont celles avec des ponts, les albums de Largo en sont truffés : des voitures qui s’élancent, basculent dans le vide ou s’écrasent dans l’eau. Je ne sais pas pourquoi, mais ces scènes me hantent dès le début, bien avant d’y arriver. Les craintes montent, s’amplifient… jusqu’au moment où je dois enfin les affronter. Et là, dès les premiers croquis, elles disparaissent : ce ne sont que quatre ou cinq images, et la difficulté se surmonte vite. Ce sont des peurs irrationnelles, sans véritable raison d’être.
J’ai ressenti le même sentiment avec la scène à Varanasi, pour la fête des couleurs. Je disposais de très peu de documentation sur les rues, sur le déroulement de la fête, sur les habits, sur les pigments. Je me demandais comment j’allais barioler Hope et Largo dans cette ambiance. Mais une fois plongé dans le dessin, je me suis rendu compte que cela ne tenait qu’en une page. On trouve des solutions, et au final, le résultat est plutôt réussi.
Jérémie Guez : La difficulté principale, c’est cette peur récurrente de ne pas y arriver. Comme Largo fonctionne par diptyque, il y a toujours un premier album qui installe le décor, l’intrigue et les antagonistes. Le vrai défi était donc d’éviter qu’il ne devienne un simple album d’exposition, et d’y insuffler dès le départ de l’action et des enjeux, même si l’on avance encore dans le brouillard. Pour moi, le challenge consistait à maintenir l’intrigue vivante et à montrer qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le second volet pour voir l’action se déployer et les fils se nouer. Il fallait que le lecteur soit happé dès les premières pages, même dans un cadre aussi isolé que celui de Sarjevane.
[…]
Philippe Francq : Nous avons travaillé sur le scénario de la manière la plus naturelle qui soit : l’un commençait, envoyait son texte à l’autre, qui écrivait à son tour avant de renvoyer. Pendant six mois, nous avons ainsi joué au ping-pong avec le manuscrit. Ce qui a facilité les choses avec Jérémie, c’est que nous partagions le même désir : repartir de l’ADN de Largo.
Certaines dimensions du personnage avaient un peu disparu, même si elles restaient en filigrane. On en retrouvait un peu dans l’histoire avec Jarod, à travers une amitié esquissée, mais il s’agissait surtout de redonner de l’émotion à un héros qui, dans ses aventures financières, avait fini par adopter une attitude assez froide. Bien sûr, il y a toujours un antagoniste à affronter, mais on avait un peu oublié tout ce qui le constitue : les flashbacks qui jalonnent le tome, le groupe W, les grands moments de sa jeunesse et surtout l’épisode dramatique où, jeune adulte, il hérite du groupe. À ce stade, il n’est pas encore à sa tête, puisqu’il doit encore retrouver ses dix anstalts pour prouver qu’il est bien l’héritier légitime et futur dirigeant.
Jérémie Guez : Pour moi, raconter une histoire obéit toujours au même processus. La technique varie selon qu’il s’agit d’un roman, d’un scénario pour un autre metteur en scène ou pour moi-même, mais le cœur reste identique : retrouver les premiers élans, les personnages, les mouvements initiaux. La technique vient ensuite. C’est pourquoi je n’ai jamais eu l’impression de devoir changer de “cerveau” en passant à la bande dessinée.
J’ai l’habitude du travail d’écriture collective. Je n’allais donc pas dire à Philippe : « Je m’isole un an et je reviens avec le scénario. » Ce n’est pas ma manière de travailler. Ce qui m’intéressait, c’était d’être immergé au maximum dans les arcanes de Largo, de rester en contact avec lui. Au cinéma, on ne travaille jamais seul : on fait entrer beaucoup de gens dans la boucle très tôt, chacun apporte sa contribution, et le texte s’améliore au fil des interactions.«
Source : Agenda BD
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