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Les dieux ont mis un homme à l'épreuve

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Une année de bandes dessinées

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Une année de bandes dessinées

Ce sujet a 66 réponses, 15 participants et a été mis à jour par Isis isis, il y a 6 mois et 2 semaines.

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  • #31500 Répondre | Citer

    L’ACBD, l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée, a sorti son rapport 2015 sur la production de bandes dessinées dans l’espace francophone européen : Rapport ACBD 2015 : l’année de la rationalisation. Des données très intéressantes pour les bédéphiles y figurent, je vous copie juste la synthèse ci-dessous.

    2015 : l’année de la rationalisation

    En cette période d’instabilité économique et politique, où les assassinats des dessinateurs du journal Charlie Hebdo au début de l’année sont encore dans toutes les mémoires, les acteurs du 9e art cherchent à maintenir les positions durement acquises en matière de parts de marché. Ils ralentissent quelque peu leur rythme de production ou adaptent leur politique éditoriale, en misant sur les valeurs sûres : d’où la conception de revivals modernisés ou le lancement de nouvelles séries référencées. Tout est fait pour satisfaire les goûts du plus grand public pour ne pas risquer de perdre des places dans les linéaires des libraires, quelquefois au détriment de la création et de l’innovation.

    I. Production – 5 255 livres de bande dessinée ont été publiés en 2015 (dont 3 924 strictes nouveautés) : un retrait de 2,9 % par rapport à l’année précédente, ce n’est que la deuxième fois, en 17 ans, que la forte poussée de l’offre éditoriale du 9e art s’accorde une pause.

    II. Édition – 368 éditeurs occupent le marché du 9e art en 2015, mais 3 puissants groupes et 12 autres importantes structures dominent l’activité du secteur, en totalisant 68,6 % de la production.

    III. Évaluation – La bonne orientation des ventes en 2015 devrait consolider la position économique de la bande dessinée sur le territoire francophone européen, alors que les tirages de la plupart des 98 principaux best-sellers de l’année subissent une nouvelle baisse.

    IV. Traduction – Le secteur s’ouvre de plus en plus aux productions étrangères, avec 2 305 nouveaux titres issus de 35 pays différents, même si 1501 bandes dessinées venues d’Asie et 524 des États-Unis (un chiffre en forte augmentation pour ces derniers) représentent 87,6 % des nouveaux titres traduits.

    V. Réédition – Avec 960 nouvelles éditions ou intégrales, l’exploitation du secteur patrimonial connaît une accalmie (98 titres de moins que l’an passé), mais on remarque, a contrario, une forte augmentation des reprises de héros d’autrefois, avec 49 séries qui se perpétuent au-delà des disparitions ou de l’abandon par leurs créateurs.

    VI. Prépublication – 71 revues spécialisées et 13 éditions particulières d’albums BD sont encore diffusées en kiosque, Maison de la presse ou Relay, malgré les difficultés et la concurrence accrue que subit ce réseau de distribution.

    VII. Information – En 2015, 25 revues papier, 43 sites spécialisés et 96 ouvrages sur le 9e art démontrent l’intérêt d’une partie du lectorat envers l’information, l’histoire et la critique de bande dessinée.

    VIII. Mutation – Même s’il progresse (évaluation légèrement supérieure à 1 % par la plupart des professionnels), l’ensemble du marché du numérique reste marginal : le passage à la bande dessinée digitale a donc toujours du mal à trouver ses marques.

    IX. Création – En ayant au moins 3 albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien diffusés et un contrat en cours ou un emploi régulier dans la presse ou l’illustration, 1 399 auteurs réussiraient encore à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen, alors que 1 602 dessinateurs ou scénaristes ont pourtant réussi à publier au moins 1 album en 2015.

    X. Adaptation – 28 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des films, téléfilms et dessins animés, alors que 179 œuvres réalisées à l’origine pour d’autres médias et 98 ouvrages dépendant de licences issues d’autres supports ont alimenté la production des nouveautés du 9e art.

    Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD

40 réponses de 1 à 40 (sur un total de 66)
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    Et Thorgal dans tout ça…

    5255 bandes dessinées publiées en 2015, ça fait quand même 100 BD par semaine, dont les ¾ de nouveautés. Je comprends maintenant pourquoi je suis perdu dans les nouvelles publications ! Bon, si on retire les traductions de BD étrangères, il ne reste plus que 25 nouvelles BD francophones par semaine, ça va déjà mieux…

    Parmi les nouveautés 2015, il y a bien sûr les 3 derniers albums des Mondes de Thorgal. Quelle santé, ce Surzhenko ! Regardons les tirages des 3 séries de plus près…

    En janvier, parution de « Skald », le 5ème album de la série Louve avec 75 000 exemplaires. Les tomes précédents ont été tirés à 140 000 ex. pour « Raïssa », 115 000 ex. pour « La main coupée du dieu Tyr », 100 000 ex. pour « Le royaume du chaos » et 85 000 ex. pour « Crow ».

    En avril, parution de « Runa », le 3ème album de la série La Jeunesse avec 80 000 exemplaires. Les tomes précédents ont été tirés à 140 000 ex. pour « Les trois sœurs Minkelsönn » et 90 000 ex. pour « L’œil d’Odin ».

    En novembre, parution de « L’Île des Enfants perdus », le 6ème album de la série Kriss de Valnor avec 85 000 exemplaires. Les tomes précédents ont été tirés à 200 000 ex. pour « Je n’oublie rien ! », 130 000 ex. pour « La sentence des Walkyries » et « Digne d’une reine », 95 000 ex. pour « Alliances » et 85 000 ex. pour « Rouge comme le Raheborg ».

    La baisse des tirages est importante, mais elle est généralisée au secteur. Comme le dit l’auteur du rapport, cette baisse s’explique en partie par le fait que les éditeurs ajustent mieux leurs coûts en imprimant ce qu’ils espèrent être les ventes d’une première année de mise en place (tout en tenant compte des ventes effectives des précédents volumes), le perfectionnement des machines d’impression permettant des retirages plus rapides et pour un coût moins important qu’autrefois. Dans ce cas, il serait intéressant à plus long terme de connaître les retirages qui seront faits des albums.

    Le dernier album de Thorgal, « Kah-Aniel », a bénéficié d’un tirage de 200 000 exemplaires en 2013. Qu’en sera-t-il du prochain prévu en novembre ?

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    150 000 ?
    100 000 ?
    90 ou 80 000 ?

    en tout cas, je trouve ça bien bas, déjà que la baisse avec Sente était énorme, alors là…

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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    Le chiffre des vente serait plus parlant que celui des tirages. Mais là on ne parle plus de baisse, on en est à moitié moins, c’est vraiment beaucoup. A nuancer en fonction des réimpressions éventuelles, effectivement, mais une réimpression sert essentiellement à remettre le produit en rayon, à éviter le trou dans la collection du magasin. Le gros des ventes, c’est la nouveauté, disons le mois qui suit la parution.

    Ca me rappelle une interview d’Yves Sente (dans Casemate me semble-t-il) où le scénariste indiquait que les ventes avaient beaucoup chuté, mais que la multiplication des titres permettait de vendre autant de Thorgaux aujourd’hui qu’il y a 10 ans.
    Autant d’albums, peut-être, puisqu’on en est à 240 000 albums imprimés l’an dernier pour les trois nouveautés, c’est énorme. Mais le lectorat est donc de plus en plus réduit. Il vaut mieux 250 000 personnes achetant et lisant ces albums, que 80 000. D’autant que quand l’un de ces lecteurs laisse tomber, c’est 10 albums vendus en moins sur 3 ans.

    Je pense que l’éditeur va peut-être tenter un « coup » cette année au moment de la parution espérée-attendue-rêvée du nouvel album de Thorgal, avec une grosse mise en place, car il y aura Dorison et Rosinski sur la couverture, ça envoie du lourd. Mais mais mais pour que ça marche et que la série retrouve réellement les sommets, il faudra aussi que cet album soit très bon.

    Mais ce qui me trouble le plus, c’est le nombre de publications. En 2000, je trouvais déjà qu’on était un peu inondés de BD, pas facile à suivre, des tomes 1 qui n’avaient pas de tome 2. Mais depuis, le nombre d’albums a quadruplé !
    Est-ce un signe de bonne santé, indiquant que la demande a été multipliée par 4 et que la diversification est une attente du lectorat ? Ou est-ce une course concurrentielle ?
    On voit quand même sur le graphique que le marché du franco-belge est plutôt stable (très haut) depuis 8 ans.

    J’espère surtout que les auteurs réussissent à vivre de leur travail, il y a tellement de talent chez ces gens-là.

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    T-BD a écrit :
    Il vaut mieux 250 000 personnes achetant et lisant ces albums, que 80 000. D’autant que quand l’un de ces lecteurs laisse tomber, c’est 10 albums vendus en moins sur 3 ans.

    De plus que les Mondes de Thorgal vont bientôt se finir…

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    Tyseria a écrit :
    De plus que les Mondes de Thorgal vont bientôt se finir…

    On aura encore pas mal d’albums à savourer d’ici là

    Thorgal.BD a écrit :
    Il vaut mieux 250 000 personnes achetant et lisant ces albums, que 80 000. D’autant que quand l’un de ces lecteurs laisse tomber, c’est 10 albums vendus en moins sur 3 ans.
    Je pense que l’éditeur va peut-être tenter un « coup » cette année au moment de la parution espérée-attendue-rêvée du nouvel album de Thorgal, avec une grosse mise en place, car il y aura Dorison et Rosinski sur la couverture, ça envoie du lourd.

    Oui, le calcul de Sente est une vue à court terme, puisque ce sont les mêmes accros qui achètent toutes les séries, et le nombre de ces fidèles est en baisse. Il faudra un sacré battage médiatique autour du prochain Thorgal pour récupérer des lecteurs supplémentaires.

    Thorgal.BD a écrit :
    Mais ce qui me trouble le plus, c’est le nombre de publications. En 2000, je trouvais déjà qu’on était un peu inondés de BD, pas facile à suivre, des tomes 1 qui n’avaient pas de tome 2. Mais depuis, le nombre d’albums a quadruplé !

    Toutes ces BD qui ne vont pas au-delà du tome 1, je trouve que c’est un sacré gâchis. Même si elles me plaisent, j’en arrive à attendre pour voir si la série va continuer avant de l’acheter. Mais si tout le monde fait comme moi, plus aucune série ne pourra démarrer. Je trouve que les éditeurs manquent de courage en ne faisant pas une plus grande sélection dans ce qu’ils publient, et en soutenant les séries qu’ils ont choisies…

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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    Ou alors il faudrait favoriser les histoires en 2-3 tomes, ou avec un tome introductif qui se suffit à lui-même. Si ça marche on continue, sinon on arrête. Mais on va au bout, on termine.

    Tyseria a écrit :
    De plus que les Mondes de Thorgal vont bientôt se finir…

    Non non, rien n’indique que les Mondes vont s’arrêter. La collection va continuer à évoluer, mais pas s’arrêter, a priori.

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    Et nos scénaristes dans tout ça…

    En-dehors de Thorgal et de ses Mondes, nos scénaristes participent à d’autres projets du neuvième art. Voici les tirages de leurs principales œuvres parues en 2015 (albums publiés à au moins 20 000 exemplaires).

    Jean Van Hamme : Largo Winch 20300 000 ex.

    Yann : Angel Wings 2 – 45 000 ex. et Dent d’ours 3 – 20 000 ex.
    Total pour Yann (y compris les Mondes de Thorgal) : 220 000 ex.

    Mathieu Mariolle : PSG Academy 5 – 22 000 ex. et PSG Academy 6 – 22 000 ex.
    Total pour Mariolle (y compris les Mondes de Thorgal) : 129 000 ex.

    Xavier Dorison : Undertaker 1 – 95 000 ex. , Undertaker 2 – 60 000 ex. , Comment faire fortune en juin 40 – 50 000 ex. , Le Troisième testament : Julius 4 – 45 000 ex. , Le Maître d’armes – 39 000 ex.
    Total pour Dorison (y compris les Mondes de Thorgal) : 374 000 ex.

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    Top 100 des lecteurs sur BDGest en 2015

    Après les publications, voici pour 2015 les chiffres du top 100 des lecteurs sur BDGest, le principal site BD sur internet : http://www.bdgest.com/news-1052-BD-Top-100-des-lecteurs-BDGest-2015.html

    Tout au long de l’année, les amateurs de bandes dessinées inscrits sur BDGest peuvent choisir chaque mois leurs 10 albums préférés, constituant ainsi le Top 5 mensuel. L’année révolue, ces votes constituent également un Top 100 des lectures préférées des visiteurs. Voici quelques chiffres et statistiques sur l’année 2015.

    Tout d’abord, on note un plébiscite massif des éditions Dargaud dans le haut du panier avec pas moins de 7 albums dans les 10 premiers, 9 dans les 20 premiers et carrément les deux tomes d’Undertaker en 1ère et 4eme position. Dargaud et Delcourt sont les éditeurs préférés du Top 100, Glénat en 3e position, est talonné par Soleil. En terme de groupes, Média Participation (Dargaud, Dupuis, Lombard, Urban Comics), Delcourt (Delcourt, Soleil) et Glénat (Glénat, Vents d’Ouest) se disputent 73% du top 100, laissant 12 éditeurs se partager les 27% restants.

    Les lecteurs sont volontiers curieux puisqu’un quart de leurs faveurs s’adressent à des tomes 1 ou à des one shot. Par contre, les habitudes sont résolument franco-belges avec 97% des albums préférés contre trois malheureux comics (dont deux Walking Dead) et zéro manga. Les séries et spin-off à sorties rapprochées ne semblent pas lasser les lecteurs puisque sept séries sont représentées en double : Undertaker, Nains, Elfes, Thorgal, Walking Dead, XIII, Chateau des étoiles. Enfin, la répartition par genre montre une nette préférence pour la Science-Fiction, dépassant de peu l’Heroic-Fantasy et le fantastique, les trois représentant 52% des albums.

    BDGest

    Dans le classement 2015 des lecteurs, « Runa » arrive 53ème et « L’île des Enfants perdus » 75ème.
    En 2014, « L’oeil d’Odin » se classait 40ème, « Crow » 43ème et « Rouge comme le Raheborg » 54ème.
    En 2013, « Les trois sœurs Minkelsönn » terminait 39ème, « Le Royaume du chaos » 45ème, « Kah-Aniel » 49ème et « Alliances » 70ème.

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    La bande dessinée en 2016

    Voici la synthèse du rapport 2016 de l’ACBD, l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée.

    2016 : l’année de la stabilisation

    À quelques dizaines de titres près (50 de plus), la production de bandes dessinées en 2016 est sensiblement la même que celle de l’année précédente. Au fil des ans, le 9e art s’est construit une place de choix au sein de l’industrie culturelle et ses acteurs ont su trouver un rythme de production, ainsi que des politiques éditoriales efficaces, dans un monde en constante mutation économique et artistique : d’où la multiplication des licences et des valeurs sûres allant dans le sens des goûts d’un large lectorat. Les tentatives innovantes ou risquées financièrement se raréfient, mais participent à la consolidation des marchés de niche et des nouvelles diffusions du livre : que ce soit par l’impression à la demande ou par la vente sur Internet.  

    I. Production –  Avec 5 305 livres de bande dessinée publiés en 2016 (dont 3 988 strictes nouveautés) — soit une légère augmentation de 0,9 % par rapport à l’année précédente —, l’offre éditoriale du 9e art se stabilise au-dessus de la barre symbolique des 5 000 publications.

    II. Édition – 384 éditeurs occupent le marché du 9e art en 2016, mais seuls 3 puissants groupes et 12 autres importantes structures dominent l’activité du secteur, en totalisant 67,3 % de la production.

    III. Évaluation –  Sur les 9 premiers mois de l’année, d’après les données Livres Hebdo/I+C, les ventes en valeur seraient supérieures à la moyenne de l’ensemble du marché du livre, mais les tirages initiaux de la plupart des 95 principaux best-sellers de l’année sont toujours en baisse.

    IV. Traduction – L’augmentation des titres venus d’Asie (1541) et des États-Unis (552), lesquels représentent désormais 90,9 % des nouveaux opus traduits, n’empêchent pas le secteur de s’ouvrir aux autres productions étrangères, puisque les 2 302 traductions de 2016 sont issues de 36 pays différents.

    V. Réédition – Avec 964 nouvelles éditions ou intégrales, l’exploitation du secteur patrimonial se stabilise également ; seul augmente le nombre des reprises de héros d’autrefois, avec 57 séries qui se perpétuent au-delà des disparitions ou de l’abandon par leurs créateurs.

    VI. Prépublication – Malgré une distribution dans un réseau confronté à une baisse régulière de sa clientèle (et donc de son chiffre d’affaires), 70 revues spécialisées et 14 éditions particulières d’albums affirment encore la présence de la bande dessinée dans les kiosques, Maisons de la presse ou Relay.

    VII. Information – L’information, l’histoire et la critique de bande dessinée intéressent toujours une certaine partie du lectorat, puisqu’il existe encore, en 2016, 24 revues papier, 44 sites spécialisés et 87 ouvrages d’études spécialisées sur le 9e art.

    VIII. Mutation – Malgré un catalogue de plus en plus complet et des offres attrayantes (80 % des nouveautés et 70 % du fonds récent sont désormais accessibles en version digitale), l’ensemble du marché du numérique n’arrive toujours pas à convaincre un large public.

    IX. Création – En ayant au moins 3 albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien implantés et un contrat en cours ou un emploi régulier dans la presse ou l’illustration, 1 419 auteurs réussiraient encore à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen, alors que 1 597 dessinateurs ou scénaristes ont pourtant réussi à publier au moins 1 album en 2016.

    X. Adaptation – 23 bandes dessinées francophones ont donné lieu à des films, téléfilms et dessins animés, alors que 184 œuvres réalisées à l’origine pour d’autres médias et 97 ouvrages dépendant de licences issues d’autres supports ont alimenté la production des nouveautés d’un 9e art qui poursuit, par ailleurs, une percée remarquée sur le marché de l’art contemporain.

    Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD

    Parmi les 4000 nouvelles BD éditées en 2016, les principaux tirages (hors comics et mangas) sont Lucky Luke (500 000 ex.), Blake et Mortimer (400 000 ex.), Lou ! (320 000 ex.), L’Arabe du futur, Les Légendaires, Thorgal, XIII, Les Carnets de Cerise, Les Sisters et Seuls. Outre le nouvel album de Thorgal, on retrouve cette année 2 nouveaux tomes des Mondes de Thorgal.

    Dans la série La Jeunesse, « Berserkers » a été édité en avril à 75 000 exemplaires, tout comme « La reine des Alfes noirs » en septembre dans la série Louve. Le tirage de l’album « Le feu écarlate » en novembre reste aussi stable par rapport aux tomes précédents, avec 200 000 exemplaires pour Thorgal.

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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    Aaah, les chiffres…

    Il est vrai qu’il est toujours intéressant d’observer ce marché, qui nous offre ici une part de son mystère.

    On voit que la production franco-belge est stable maintenant depuis 8-9 ans, depuis 2008. Il y en a quand même beaucoup. 1558 titres, ça fait 30 albums qui paraissent chaque semaine ! Combien de perles, dans cet océan, se retrouvent perdues ? Et combien d’albums moyens, aussi ? Il doit y en avoir pas mal.

    Si on ajoute les rééditions, disons 500 sur les 964 annoncées, on arrive à près de 40 albums de franco-belge par semaine.
    Pas facile d’être éditeur en 2017, j’imagine. Bon courage aux auteurs, aussi, pour sortir de la mêlée.

    Pour ma part, ce flot incessant a un effet notable, il a peu à peu tari mes envies. Je ne commence plus de nouvelles séries, ou rarement, avec la crainte d’un arrêt de la série ou, pire, d’une multiplication des titres, d’une franchise. C’est particulièrement vrai pour les comics, je n’y arrive plus, on n’y comprend plus rien. J’ai commencé avec Strange dans les années 80, il y avait un Spiderman par trimestre, c’était cool. L’attente était délicieuse. Aujourd’hui, c’est devenu tellement compliqué, des multivers, ils sont dans le passé, le futur, des présents alternatifs, des reboots…
    Ça me semble plus rationnel dans le manga, mais comme toujours il y a ce problème de la durée des séries, pas évident de se lancer la fleur au fusil dans une collection de 30 ou 40 albums dont certains ne font avancer l’histoire que d’une roue de brouette.

    Mon modèle préféré reste donc le franco-belge, toujours capable de surprendre et/ou d’attraper le train du souvenir. Mais là, trop c’est trop, les albums s’entassent et ne se lisent plus.

    On voit aussi que Thorgal reste stable, et que l’éditeur est à la fois raisonnable et ambitieux, en imprimant 200 000 exemplaires du dernier album.

    Je me pose une question. Dans ce modèle actuel, la BD se démocratise et devient le livre qui va dans toutes les maisons, tant mieux. Mais est-elle encore capable, dans ce modèle, de créer des héros intemporels ? Est-il encore possible de faire émerger un nouveau Thorgal, Astérix, Lanfeust ou Tintin ? Une BD d’aujourd’hui peut-elle prétendre devenir un jour un standard, un pan de notre culture commune ?

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    Très bonne question ! La BD se démocratise, mais elle reste quand même un budget important chez nous qui lisons des albums de qualité, alors que dans d’autres pays, les BD sont des produits beaucoup moins durables. Mais acheter des BD pour ne pas les lire, c’est quand même dommage… Donc je me suis depuis quelque temps tourné vers l’emprunt en bibliothèques, qui chez moi proposent des milliers, voire des dizaines de milliers de titres empruntables. Le seul problème, c’est la limite de 6 emprunts à la fois, donc je tourne avec 3 bibliothèques en parallèle. 

    Plusieurs raisons m’ont amené à cette manière de faire. D’abord, je parlais du budget. Mes emprunts me coûtent de 20 à 50 cents le tome, donc le calcul est vite fait, surtout pour des albums que je ne lirai qu’une fois. Puis je ne prends plus le risque d’acheter une BD que je n’aimerai pas. Je l’ai encore fait une fois ou l’autre en me fiant aux recommandations que j’avais lues, et j’ai été déçu. Un exemple ? J’ai acheté l’intégrale de « Il était une fois en France » car c’était une série incontournable. Je ne l’ai encore lue qu’une fois, parce que ce n’est pas le style d’histoire que je recherche, même si elle est d’excellente qualité.

    Un autre point qui me freine pour commencer de nouvelles séries, c’est la pléthore de l’offre qui noie les BD de bonne qualité dans un océan de livres plus éphémères les uns que les autres. Alors à qui faire confiance pour se dire que la série que je commence va continuer ? Pourtant je suis un lecteur (et acheteur) de séries qui constituent plus de 90 % de ma bibliothèque. J’ai d’autre part été touché par la fin de plusieurs séries que je suivais depuis des années. La pire fin est pour moi celle de Buddy Longway qui meurt  avec sa femme dans le dernier tome, au bout de 20 ans passés à partager leur quotidien ! Après, ça devient plus difficile de redonner sa confiance à de nouveaux héros, un peu comme avec des amis qui disparaissent. Avec le temps, c’est plus compliqué de se faire de nouveaux amis que quand on est jeune, sans doute parce qu’on devient plus difficile…

    Je ne suis pas sûr qu’il y aura encore des héros de BD intemporels à l’avenir, notamment parce que les auteurs qui veulent se consacrer à une série qui leur prendra tout leur temps deviennent plus rares. Ils ont envie de varier les plaisirs, ce que je comprends parfaitement. Tout comme les lecteurs sont moins fidèles à leurs héros que par le passé, ce que je comprends tout autant. Malgré tout, je me suis décidé à me relancer dans une nouvelle série que j’espère partie pour des années, celle de Undertaker. Mais je compte sur Xavier Dorison pour ne pas la lâcher de sitôt, sinon gare à lui ! 

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    J’ai bien peur que non…

    Avec tout les nouveaux media (TV , internet), la BD n’est plus aussi lue par les jeunes et surtout la quasi disparition des journaux (tintin, pilote) empêche de faire surgir un nouvel « héros » de nos BD.

    Tes exemples sont bons, et encore pour Lanfeust, je doute qu’on en parle encore dans 10 ans…

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    La bande dessinée en 2017

    On n’aura plus droit au rapport annuel de l’ACBD. Gilles Ratier, son rédacteur, a rendu son tablier l’année dernière et personne ne l’a repris depuis. Donc plus d’infos sur la diffusion des Mondes de Thorgal non plus. 

    Il reste l’institut d’études de marché GfK qui a fait un bilan global de 2017, avec une année record, à 43 millions exemplaires de BD vendues en France et 500 millions d’euros de CA en augmentation sur quasi toutes les familles de BD. Astérix reste la potion magique de la bande dessinée française.

    43 millions d’exemplaires vendus, soit 4 de mieux que l’année précédente (2017 : 39 millions, selon GfK) et un chiffre d’affaires qui passe le cap des 500 millions d’euros. Astérix pèse à lui seul 4% de ce segment qui s’avère plus dynamique que le marché du livre dans son ensemble (+9% contre 5%), le plus haut niveau depuis dix ans, alors que le chiffre se tassait ces deux dernières années.

    C’est la BD jeunesse qui explique en partie cette embellie : +18% cette année, avec un bon soutien des mangas (+10%) et une bonne tenue de la BD contemporaine grâce aux biographies et aux adaptations littéraires en BD (+5%). Le comics US, en revanche, se tasse (-6%).

    Alors que d’aucuns nous prédisaient la disparition des 48cc classiques, ce sont eux qui font le chiffre cette année avec le quatuor de tête : Astérix (1,6 millions), Titeuf (175.000 ex.), Tintin (oui, oui, les Soviets en couleurs : 169.000 ex.) et Le Chat (154.000 ex.).

    Derrière d’autres séries : Largo Winch et son nouveau scénariste Eric Giacometti s’en sort bien (144.000 ex.) et Les Légendaires (98.000 ex.). Suivent des outsiders plus trop surprenants : Les Vieux Fourneaux (153.000 ex., ils placent deux titres dans le Top 15), Les Culottées (117.000 ex.), Ki&Hi (106.000 ex. ; également 2 titres dans le Top 15) et une surprise : Marion Montaigne avec Dans la Combi de Thomas Pesquet (136.000 ex.). On remarquera la bonne tenue d’Astérix et la grosse glissade de Titeuf.

    Source article : ActuaBD

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    Ooooh, je viens de tomber sur ce sujet que j’avais raté les deux années antérieures. Quel dommage que le rapport n’existe plus. J’ai lu les antérieurs et j’ai trouvé ça passionant. Tjahzi, un grand merci pour le partage.

    Intéressant débat que vous avez eu d’ailleurs, Stef et Tjahzi.

    Ça me donne une idée de sujet.

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    C’est marrant, ça m’en avait donné aussi une, sur les éditeurs ! Toi c’est sur quoi ?

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    Mauvaise mine

    Sur France Info, article très intéressant sur les conditions déplorables dans lesquelles les auteurs de BD travaillent.

    Mauvaise mine

    Pas de chômage, pas de vacances, pas de couverture maladie : vis ma vie (compliquée) d’auteur de BD.

    Réaliser des BD, un métier de rêve… à condition de pouvoir en vivre. Pour la plupart des auteurs, la passion est souvent synonyme de galère. En 2015, une étude réalisée par les Etats généraux de la bande dessinée mettait en évidence une précarité galopante de la profession. Sur les 1 500 auteurs ayant participé à l’enquête, 53% touchaient moins que le smic annuel brut, et 36% se débrouillaient sous le seuil de pauvreté. Des chiffres qui cachent des réalités diverses, car même les auteurs établis souffrent. Des chiffres surtout qui contrastent avec la bonne santé du marché de la BD, dont le chiffre d’affaires a bondi de 20% en dix ans, et dont les fers de lance rachètent de grosses maisons d’édition. De quoi regarder d’un autre œil les auteurs mis en avant au festival d’Angoulême.

    Suite de l’article ICI sur France Info.

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    Déprimant comme article. Après, je me demande si un autre monde est possible ?

    Il n’y a jamais eu autant de BDs… donc je pense que cela signifie que plus d’auteurs qui publiés qu’avant. Mais du coup plus d’auteurs publiés = moins d’argent pour chacun ? Difficile de sortir d’un tel système . La solution serait éventuellement de réduire la quantité de série… mais du coup pleins d’auteurs ne seraient même pas publiés.

    Ou alors on enrichit les lecteurs pour qu’ils achètent plus de BD. Ouais, je suis partante pour cette solution . Bon, je plaisante un peu. Mais j’avoue que je ne vois pas trop quelles solutions pourraient exister. Je n’ai jamais été très calée en économie ni en sociologie…

    • Ce sujet a été modifié le il y a 6 ans et 2 mois par Isis.
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    La base, c’est pour moi de payer correctement l’auteur pour son travail. Quand je lis un salaire de 2€ de l’heure, c’est choquant. Alors s’il faut engager moins de personnes pour pouvoir les payer correctement, c’est le travail de l’éditeur de faire les meilleurs choix possibles. Le modèle économique de la BD ne fonctionne plus, en tout cas pour les auteurs.

    Auteur dessin : Soulcié

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    La bande dessinée en 2018

    Sur base du rapport de l’institut d’études de marché GfK, Actua BD commente les résultats des ventes de bandes dessinées en 2018.
    Le marché de la BD a fait en 2018 son meilleur score depuis 15 ans
    Avec 44 millions d’albums vendus (+ 1 million par rapport à 2017) et un chiffre d’affaires de 510 millions d’euros (+ 10 M par rapport à l’année précédente) et + 2,5% en volume, le marché de la bande dessinée en France progresse en dépit d’une « surproduction » récurrente, de l’absence d’un « vrai » Astérix en 2018 et de l’effet « Gilets Jaunes » sur les fêtes de fin d’année.
    En novembre, les directeurs commerciaux des maisons d’édition suaient des grosses gouttes. Les premières manifestations des Gilets jaunes avaient entraîné la fermeture des magasins de centre-ville, en particulier des enseignes comme la FNAC. Coup dur pour un secteur du livre déjà fragile…
    Alors que le Lucky Luke de l’année, sorti une semaine auparavant, gardait son cap par rapport aux espoirs de vente, le dernier Blake & Mortimer avait dévissé. « Mais ; chose extraordinaire, nous avons tout rattrapé dans les derniers jours de fêtes, et la tendance du mois de janvier reste au-dessus de la moyenne » nous dit le directeur commercial d’une grosse maison d’édition.

    Stéphane Beaujean, directeur artistique du Festival International de la BD d’Angoulême, dans un commentaire sur sa page Facebook, se félicite d’une situation qui, selon un communiqué de l’institut de sondages Gfk, « confirme les tendances (croissance à deux chiffres du manga, croissance du comics, croissance de la création jeunesse contemporaine, de la non-fiction et fiction contemporaine, décroissance continue du récit de genre et des héros historiques francophones. »
    Mais il ajoute ce qui a l’air d’un plaidoyer pro domo pour une sélection d’Angoulême souvent jugée élitiste : « … l’effet de rattrapage lié au développement de nombreux publics et genres au début des années 2000 permet à la bande dessinée de maintenir sa croissance malgré un chiffre global du livre en berne depuis plusieurs années. En revanche, le public du socle historique de la bande dessinée, qui avait déjà atteint sa masse critique depuis de nombreuses années, décroit naturellement en suivant la courbe du livre papier. »
    Voire. Pour un secteur subclaquant, ce « socle historique » tient sacrément bien le haut du pavé cette année encore : les deux meilleures ventes de l’année restent Lucky Luke et Blake & Mortimer, des séries qui comptent plus de 70 ans aux chanterelles.

    Dans cette année sans nouveauté d’Astérix, le « 48cc » place 12 titres dans les 20 meilleures ventes. Et effectivement, ce Top 20 est bien diversifié : les mangas occupent 4 des 20 premières places, dont deux attribuées à Dragon Ball qui n’est pas non plus un perdreau de l’année…, Le roman graphique a comme seul représentant Riad Sattouf qui occupe deux places sur 20 et « l’effet cinéma » des Vieux Fourneaux lui permet de placer quatre titres dans le Top 20 des best-sellers.
    La nouvelle génération -quel que soit le secteur- confirme sa position : Marion Montaigne (Dans la combi de Thomas Pesquet) fait une très belle année pour un titre paru en 2017, Patrick Sobral (Les Légendaires) reste une valeur sûre, de même que Julien Neel (Lou !). On remarque aussi Ki & Hi des bloggeurs K. Tran & F. Antigny (Ed. Michel Lafon) qui vient confirmer pour la deuxième année l’émergence des « mangas français » dans le Top 20, une vraie tendance de fond qui enchaîne de plus en plus les succès.

    Mais pour revenir à l’enquête GfK, il y a en 2018, une nette progression des ventes en volume des mangas : +11%, qui atteint désormais 38% du marché gagnant 3% par rapport à l’année précédente. Les comics restent stables (6% de pdm) tandis que la BD jeunesse et la BD classique se tassent en cette année où la nouveauté Astérix est absente.
    Allez bon, à Angoulême, on peut faire la fête pour célébrer cette année exceptionnelle, avec des ventes records, le plus haut chiffre recueilli en France depuis 15 ans !
    Source : https://www.actuabd.com/Le-marche-de-la-BD-a-fait-en-2018-son-meilleur-score-depuis-15-ans

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    Merci pour ce partage, passionnant!

    Je m’étonne du résultat du « carnet de cerise », sorti en 2012 ?

    Il faudrait que je lise un jour « les légendaires », si je comprend bien, c’est la série d’aventure à succès du moment?

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    « Les légendaires » et « Les carnets de Cerise » ne m’attirent guère par leurs dessins, je n’ai donc jamais franchi le pas. Si mes filles étaient encore enfants, je leur aurais certainement offert la seconde série, que parents et enfants adorent. Voilà pourquoi je pense que le tome 1 est toujours autant offert par des fans qui veulent partager leur passion pour les aventures de Cerise. 

    Un peu comme « Les vieux fourneaux », mais à offrir plutôt à tes grands-parents ! 

    Moi, c’est l’absence de Thorgal qui m’a un peu étonné, enfin pas tant que ça finalement…

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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    J’ai lu « Les légendaires », mon fils les a tous, c’est très sympa. J’ai découvert récemment « Les vieux fourneaux », le tome 1 est excellent !
    J’ai tenté « Ki & Hi », mais je n’ai rien compris.
    « The promised neverland », c’est un de mes coups de cœur 2018. Des enfants surdoués, un orphelinat mystérieux, une découverte abominable qui bouleverse leur vie, et un style graphique assez singulier. Le rythme de parution soutenu aide à l’addiction, déjà 5 tomes en 6 mois.
    Toujours pas lu « L’arabe du futur », il faudrait que je feuillette, tout le monde en parle.

    Je ne sais pas trop quoi dire sur ce classement 2018, je le trouve un peu plat, redondant… Par contre les gens lisent, et ça c’est bien. Pas de Dupuis ou Lombard dans le top 20, allez, en 2019 ça va le faire.

    Pas surpris par le manga, près d’un album sur deux sur ce qui se vend en France. J’en achète également de plus en plus. Ils savent cultiver l’addiction, toujours avec les mêmes ressorts mais ça fonctionne.

    Ça confirme aussi que Thomas Pesquet est l’une des stars de ce début de XXIème siècle, en France.
    Quant à Thorgal, je suis persuadé que le tome 36 n’est pas bien loin de ce top 20. Mais, il n’y a pas si longtemps, il aurait été dedans.

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    J’ai lu les trois premiers tomes de « L’arabe du futur », par curiosité devant son succès. C’était aussi mon entrée dans le monde des romans graphiques. Et là je me disais en feuilletant le livre : comment peut-on mettre 10 pages pour raconter ce qui prendrait 2 planches en BD franco-belge ? Tu as l’impression de tourner sans arrêt les pages pour qu’il se passe quelque chose. Tu t’arrêtes rarement pour admirer le travail graphique, parce que c’est avant tout un récit autobiographique raconté sous forme de dessins, très caricaturaux. Mais ce qui marche, c’est que l’auteur y partage ses souvenirs, ses sensations, les émotions de son enfance en Lybie puis en Syrie. Lui qui était blond grâce à sa mère française, apparaissait comme un extra-terrestre dans les contrées reculées des pays arabes. Et son père d’origine syrienne n’avait qu’une obsession : faire de lui l’arabe du futur, et aussi éduquer les masses ignorantes, car il était très fier de ses origines arabes. J’ai trouvé le contenu tellement critique vis-à-vis du monde arabe que j’ai pensé qu’il allait être mal reçu par eux, mais apparemment, il est apprécié partout. Je l’ai lu comme une curiosité, mais ce n’est clairement pas la collection que j’achèterais en BD. Par contre, j’ai craqué pour « Les vieux fourneaux » qui correspondent sans doute mieux à mes envies dans les dialogues, le rythme du récit et la qualité du dessin. Bon, c’est aussi très typé « franco-français », mais on s’attache aux personnages, et c’est jubilatoire à lire !

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    L’arabe du futur … j’adore. Les bd avec un enjeu social, une problématique humaniste très forte, ça me va. 

    Isis a écrit
    Après, je me demande si un autre monde est possible ?

    J’ai été Graphiste, illustratrice à mon compte et aussi salariée. Je suis sortie de BX-Arts en 98 et je suis de cette génération qui a vraiment vu le traitement réservé aux auteurs s’effondrer. Mais je suis aussi de cette génération de la formation de masse, avec en effet beaucoup, beaucoup d’artistes auteurs sortir de toute part de nos belles formations publiques comme privées. Beaucoup de ma promo de 5eme année sont devenus …. autre chose (plombier, prof )  et alors ? Moi je ne regrette rien même si j’ai changé de voie ensuite. Est-ce une raison pour voler les auteurs ? parce qu’il y en a plein ? se faire payer dans ce secteur revient à faire l’aumône à des gens qui n’entendent souvent rien du tout à la valeur artistique ou culturelle d’un travail. N’importe qui est payé n’importe quoi puisque ce n’est plus qu’une question de marché.   En plus, tous les métiers de la création et des sciences humaines sont sinistrés dans notre pays (je vis avec un chercheur en socio… et le souci c’est que ça augure d’une société où les valeurs humanistes ne sont plus dans aucune décision. Thorgal viendrait dans le futur il dirait : « bon sang toujours les mêmes problèmes ! j’me casse ».

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    Marché de la BD en 2018

    Commentaires intéressants à lire sur ActuaBD suite à la seconde partie de l’enquête menée par GfK pour le Syndicat National de l’Edition en France. La présentation complète de l’enquête est visible ICI.

    Marché de la BD 2018 : une fois de plus, le manga assure la croissance

    Le Syndicat National de l’Edition vient de sortir sa 2e étude GfK (avec un échantillon de 15 000 panélistes de 10 ans et plus) sur le marché de la BD en France. Les chiffres sont en hausse : 5300 nouveautés publiées et 43,6 millions d’exemplaires vendus. Non seulement les amateurs de BD tirent le marché du livre vers le haut en n’achetant pas que des BD, mais c’est le manga qui tire l’ensemble, recrutant à chaque fois de jeunes nouveaux lecteurs.

    « Une fois encore, le marché de la BD affiche son dynamisme en 2018. Il représente près de 15% du marché du livre (+2% par rapport à 2016) et 7,9 millions d’acheteurs. Soit environ 14% de la population totale (âgée de plus de 10 ans) qui ont acheté en moyenne 6 BD dans l’année, soit une de plus par rapport à l’enquête précédente.

    Les amateurs de BD sont aussi des acheteurs de livres : ils achètent en moyenne 18 livres par an pour un budget de 194€ dont 63 € sont alloués à la seule BD. Mais même s’ils ont acheté plus qu’en 2016, référence de la précédente enquête (+11%), il y a moins d’acheteurs au global (-2%), ce qui est un brin inquiétant.

    Le manga en pôle-position

    Tous les segments sont en progression, sauf le comics, et c’est clairement les mangas qui vivent la plus belle embellie, avec +22%, par rapport à 2016.

    Les acheteurs de BD sont majoritairement âgés plus de 50 ans ; ce sont des femmes (52%), qui offrent volontiers de la bande dessinée à des tiers (50% des achats), en général des jeunes âgés de 10 à 30 ans, principalement des hommes (64% des achats.) En clair : des mères de famille.

    Trois secteurs sortent du lot :

    – Le Manga (+22% en volume en 2 ans) avec le Shônen et le Seinen en pointe

    – La BD jeunesse contemporaine (+20% en 2 ans) majoritairement achetée par les 10-14 ans.

    – Les segments biopics, fiction contemporaine et documentaires de la BD de genre, portés par le format Roman graphique (+47% en 2 ans).

    La BD, porte ouverte vers la lecture

    On s’aperçoit que la BD est une propédeutique aux autres lectures : 88% des acheteurs de BD ont acheté des livres en dehors du rayon bande dessinée ; 50% des acheteurs de BD jeunesse ont aussi acheté des romans jeunesse ; 49% des acheteurs de mangas ont aussi acheté des ouvrages de romans jeunesse et 58% de Littérature générale ; 67 % des acheteurs de romans graphiques ont aussi acheté des ouvrages de Littérature générale. Qui a dit que la BD désapprenait à lire ?

    La BD franco-belge, que d’aucuns voyaient subclaquante, progresse cette année (+6% en volume) avec 6,5 millions d’acheteurs. Ceci est dû à la structure à plus de 50% familiale des consommateurs. La non-fiction (BD documentaire) se taille de plus en plus une part éminente, suivie par la fiction contemporaine, les adaptations de classiques et de biographies. En revanche, ce sont les segments traditionnels : histoire, humour, aventure, thriller… qui reculent. Décidément, les frontières traditionnelles bougent. »

    Source : https://www.actuabd.com/Marche-de-la-BD-2018-une-fois-de-plus-le-manga-assure-la-croissance

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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    Thorgal est donc de la « BD patrimoniale ». Elles ne sont peut-être plus tant que ça, à avoir encore des nouveautés chaque année.

    Merci pour ce partage.

    Je suis pour ma part bien au-dessus du lecteur moyen, que ce soit en volume ou en montant des dépenses. Environ 50 BD par an. Moins de livres qu’avant par contre. Peut-être une douzaine par an. Mais il faut dire que j’ai tendance à lire les classiques sur liseuse. Encore que, je viens de m’offrir un George Sand papier dans une belle édition.

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    Top 100 des lecteurs BDGest pour 2019

    BDGest publie le top 100 des albums préférés de ses lecteurs pour 2019 : 

    https://www.bdgest.com/top/annuel?annee=2019

     

    1. Les Indes Fourbes (252 votes) par Alain Ayroles et Juanjo Guarnido chez Delcourt

    2. Jusqu’au dernier (220 votes) par Jérôme Félix et Paul Gastine chez Bamboo

    3. Katanga (206 votes) par Fabien Nury et Sylvain Vallée chez Dargaud

    4. Le Château des Animaux (204 votes) par Xavier Dorison et Félix Delep chez Casterman

    5. Undertaker (194 votes) par Xavier Dorison et Ralph Meyer chez Dargaud

     

    Thorgal arrive à la 34ème place (80 votes) pour « L’Ermite de Skellingar » et à la 73ème place (51 votes) pour « La Dent bleue ».

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    Le chiffre des vente serait plus parlant que celui des tirages. Mais là on ne parle plus de baisse, on en est à moitié moins, c’est vraiment beaucoup. A nuancer en fonction des réimpressions éventuelles, effectivement, mais une réimpression sert essentiellement à remettre le produit en rayon, à éviter le trou dans la collection du magasin. Le gros des ventes, c’est la nouveauté, disons le mois qui suit la parution.

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    Top 50 des ventes 2021

    Je vous propose trois lectures (assez rapides) du marché du livre et de la Bd en 2021.

    Un bilan Gfk avec chiffres et statistiques

    Un article présentant l’année côté ventes et notamment la confirmation du succès dingue des mangas

    Le top 50 des ventes de BD

    Thorgal n’est pas mentionné dans ces articles, car il est nécessaire de vendre plus de 120 000 exemplaires de la nouveauté pour entrer désormais dans ce top 50 ! C’est fou, les chiffres explosent. Alors qu’on nous disait que le livre papier allait décliner…

    Pour ma part, je ne lis plus du tout de livres électroniques. Le seul que j’ai lu sur écran l’an dernier, c’est justement le nouveau Thorgal. Vive le papier !

    Il faudrait presque désormais faire un classement manga et un classement BD, parce qu’il n’y a plus de visibilité sur le franco-belge dans ces classements.

    Je vous mets le classement pour info. Si on enlève le manga et Adèle, ben ça ressemble plutôt à un Top 10 en fait. A noter, le carton mérité pour l’album Goldorak et bien sûr le nom de Jean Van Hamme sur la sixième ligne.

    Il faudrait que je jette un œil sur Mortelle Adèle, quand même, parce que pour que ça cartonne comme ça, il doit y avoir un truc.

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    Mais oui, incroyable cette Adèle, je ne connais pas non plus.

    par contre je kiffe Blacksad, et je ne suis pas la seule   en plus cet album nous laisse avec une fin qui va confirmer les ventes à la sortie du T7.

    non je ne veux pas d’un crossover Blacksad / Thorgal par contre.  

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    Hirondl a écrit
    non je ne veux pas d’un crossover Blacksad / Thorgal par contre.

    Déjà fait dans « La chute de Brek Zarith ».  

    D’après la rumeur, tous les personnages de Blacksad portent un masque et se rendent à une fête costumée (au cours de laquelle il vaut mieux éviter de boire et manger).

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    je ne comprends pas bien, que le franco belge se soit fait bouffer par la manga,

    il me semble qu’il y a eu des erreurs commercial strategique, 

    – trop peu de diffusion multi-media,( serie, roman, jeux video, jouet, jeux de société) 

    -couverture cartonné trop cher et absence de bd à prix réduit (en format manga justement, ^^)

    – absence de partenariat avec le reste de la société, (sauf parc asterix etc… )

    -auteur de bd trop individualiste et capricieux,

     

    qu’en pensez vous? 

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    après , je me suis peut être mal exprimé,

    je parlais surtout de la culture populaire, grandement lié à la bd, 

     

     

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    Je consomme quelques animes (moins de manga) et je pense que le format est tout simplement plus adapté à l’actualité.

    Les mangas se produisent très vite et pour nombre d’entre eux, la qualité n’est pas vraiment affectée par le rythme. Le dessin est souvent plutôt correct, bien que en blanc et noir. D’un autre côté, les scénarios nipons sont souvent assez particuliers, loins d’être stupides et souvent bien ficelés et originaux pour les meilleurs d’entre eux. Regardez ou lisez Shingeki no Kyiojin (l’Attaque des Titans) et vous comprendrez ce que je veux dire.

    Par an et pour une série à succès, on peut facilement avoir 2-3 tomes de publiés. Et en terme de contenu pur, chaque tome de manga peut être comparé à 2-3 albums franco-belge de 48 pages. Ajouter à cela qu’un tome de manga coûte environ 8 euros, et vous comprendrez : on a plus de contenu pour moins cher, plus souvent, et de qualité scénaristique équivalente, voire supérieure dans certains cas (*).

    Alors oui, le dessin est peut-être moins original qu’un dessin franco-belge (le style de dessin est très codifié), mais l’histoire est tout aussi bien, parfois plus.

    Alors oui, les tomes de manga sont plus médiocres en terme de matériaux. Mais en définitive, c’est en accord avec les temps qui courent : en terme de vêtements par exemple, qui achète autre chose que du prêt-à-porter pas cher ? Pourtant les vêtements sur mesures sont meilleurs, mais on s’en fout.

    L’homme du XXIième est habitué à la rapidité et n’a plus AUCUNE patience. Les BD franco-belge exigent d’attendre. Ce n’est pas le cas des manga.

    Ne vous méprenez pas, je ne dis pas que le manga est mieux, attention. Je dis juste que son modèle de production est beaucoup plus adapté à notre société actuelle. Et je ne dis pas non plus que ce modèle soit meilleur. De fait, d’un point de vue éthique, il a un côté extrèmement sinistre, car il suppose souvent une exploitation des auteurs (mangaka) qui est impensable en Europe. Il y a eu des congés maladies pour dépression, des burn-out et bien sûr des suicides… La rapidité de production en art a un coût, souvent tragique.

    Sans compter le côté plutôt siniste de contribuer à une société toujours plus pressée, toujours plus impatiente, toujours plus consomatrice.

    C’est très triste, mais je ne vois pas comment la BD franco-belge pourrait gagner face aux manga. Comme Stéphane, je me demande si placer ces deux types d’oeuvres dans les mêmes listes a encore un sens. À ce compte-là, c’est un peu comme placer les romans et les BD ensembles sous prétexte que c’est des livres qui racontent une histoire. Ou les guides de voyages et les bouquins cuisine dans une même catégorie parce que c’est des livres avec des images…

    ____

    (*) Comparez-moi le scénario de l’ensemble de l’Attaque des Titans avec le méga-cycle Thorgal… Thorgal a voulu faire comme les manga, avec une histoire complexe qui ouvre pleins d’arcs narratifs et ça a été une catastrophe.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 ans et 1 mois par Isis.
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    Waw. Je ne lis pas de manga (depuis Akira  … ) et cette analyse de la situation est instructive.

    J’ai constaté aussi que les ados actuels qui aiment et pratiquent le dessin font tous du manga.

    Il m’arrive que des connaissances me demandent ce que je pense des dessins de leurs enfants, ou à l’école qu’on me demande ce que je pense des talents de tel ou tel élève. Je constate que tous les jeunes font du manga, ça tend à stéréotyper toutes les propositions créatives.

    Tous les jeunes dessinateurs ont, dans leur enfance, aimé copier des modèles, mais il me semble qu’autrefois les sources d’inspirations étaient plus diversifiées d’un individu à l’autre. Avec la diversification, les sensibilités s’expriment. L’aspect technique est important aussi, mais avec le modèle manga, même la recherche de maîtrise technique s’efface  au profit du stéréotype.

    Il me semble que les codes graphiques asiatiques (dans leur ensemble), et leur formidable expressivité, sont d’une importance capitale dans l’évolution de l’univers graphique européen . Quand j’ai passé (et raté) le concours aux arts déco de Paris en 94, le couloir était rempli d’asiatiques (Corée, Japon) qui venaient en France faire leurs études. Et ils arrivaient avec un talent et une technique de ouf…(Edit : c’était le concours pour entrer en 4° année, donc avec un gros niveau, je me souviens des books  hallucinants de certains coréens… on bavait tous devant),  Aujourd’hui je ne sais pas comment ça se passe dans les écoles de bd ou d’arts graphiques…

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 ans et 1 mois par Hirondl.
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    Hirondl a écrit
    Waw. Je ne lis pas de manga (depuis Akira  … ) et cette analyse de la situation est instructive.

    J’ai constaté aussi que les ados actuels qui aiment et pratiquent le dessin font tous du manga.

    Il m’arrive que des connaissances me demandent ce que je pense des dessins de leurs enfants, ou à l’école qu’on me demande ce que je pense des talents de tel ou tel élève. Je constate que tous les jeunes font du manga, ça tend à stéréotyper toutes les propositions créatives.

    Tous les jeunes dessinateurs ont, dans leur enfance, aimé copier des modèles, mais il me semble qu’autrefois les sources d’inspirations étaient plus diversifiées d’un individu à l’autre. Avec la diversification, les sensibilités s’expriment. L’aspect technique est important aussi, mais avec le modèle manga, même la recherche de maîtrise technique s’efface  au profit du stéréotype.

    J’aime bien le dessin type manga, mais tu as raison, c’est très homogène, là où le franco-belge produit des dessins bien plus différents d’un auteur à l’autre.

    Mais on y peut rien. Si les jeunes lisent plus de manga que du franco-belge, ils copieront plus le manga. C’est inévitable.

    Hirondl a écrit

    Il me semble que les codes graphiques asiatiques (dans leur ensemble), et leur formidable expressivité, sont d’une importance capitale dans l’évolution de l’univers graphique européen . Quand j’ai passé (et raté) le concours aux arts déco de Paris en 94, le couloir était rempli d’asiatiques (Corée, Japon) qui venaient en France faire leurs études. Et ils arrivaient avec un talent et une technique de ouf…(Edit : c’était le concours pour entrer en 4° année, donc avec un gros niveau, je me souviens des books  hallucinants de certains coréens… on bavait tous devant),  Aujourd’hui je ne sais pas comment ça se passe dans les écoles de bd ou d’arts graphiques…

    Le Japon, et surtout la Corée du Sud ont une culture de l’excellence assez extrême. Vous connaissez la K-pop ? Le pop coréen ? C’est comme le manga : tous les groupes sont très similaires les uns aux autres mais leurs intégrants ont un talent de danseur innégalé. Ce sont des jeunes qui commencent très tôt à apprendre à danser et entrent dans un circuit où la concurrence est inimaginable si on la compare avec ce qu’on trouverait en Europe. Ils travaillent comme des fous et sont contrôlés dans tous les aspects de leur vie, que cela soit le poids ou même leur vie amoureuse. Les groupes sont tous fabriqué sur mesure par des boîtes de production et rien n’est laissé au hasard. 

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 ans et 1 mois par Isis.
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    Thorgal-BDthorgal-bdWebmestre

    Je ne jette pas de pierre parce que je lis autant de manga que de franco-belge, donc je fais bien le 50% annoncé dans les documents.

    J’ajoute à ce que vous dites que beaucoup de mangas s’appuient sur des dessins animés, ou vice-versa, et un grand nombre de produits dérivés. Et si je veux m’offrir une belle statuette de Tortue Géniale je mets 40 euros et j’en trouve partout, si je veux une belle statuette de Lucky Luke ce sera plutôt 200 ou 300 euros en édition ultra limitée.

    On a deux modèles économiques sans vrai lien, j’ai l’impression.

    Et puis les mangas sont généralement produits en studio, avec pas mal de petites mains qui turbinent autour de celles de l’auteur principal. Ça se faisait aussi dans le franco-belge (je pense à Walthéry qui travaillait presque toujours avec un ou deux copains) mais je ne sais pas si on retrouve ça aujourd’hui, à part pour la mise en couleur qui reste souvent l’affaire de spécialistes.

    Mon seul reproche au manga, c’est qu’il me semble qu’il est insuffisamment classifié. Il m’est arrivé de feuilleter un album et de le reposer vite fait dans le rayon avec dégoût, parce que je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’un king game avec arrachage de tête de lycéenne. J’ai commencé une série récemment (Eden – Perfect edition) et je ne suis pas sûr de continuer, j’en ai marre de voir les personnages déchiquetés, de voir passer sur l’image la tête arrachée d’une héroïne qu’on suit depuis 15 chapitres. Ce n’est pas mon trip, mais je ne sais pas bien quoi penser de l’impact général de ces images sur nous tous.

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    Ah oui, les japonais ont un rapport à la violence assez bizarre. Ça ne me plaît pas des masses non plus. 

    Mais paradoxalement, je me sens moins mal à l’aise en voyant des trucs violents dans le manga que des trucs durs dans les BD franco-belge. Je pense que c’est parce que la plupart des scénarios de manga sont si improbables, si éloignés du monde réel, qu’ils m’impactent moins.

    Pour poser un exemple concret, la scène d’introduction de l’album « Louve » de Thorgal m’horrifie bien plus que les scènes de démembrements de certains manga.

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    Isis a écrit
    Le Japon, et surtout la Corée du Sud ont une culture de l’excellence assez extrême. Vous connaissez la K-pop ? Le pop coréen ? C’est comme le manga : tous les groupes sont très similaires les uns aux autres mais leurs intégrants ont un talent de danseur innégalé. Ce sont des jeunes qui commencent très tôt à apprendre à danser et entrent dans un circuit où la concurrence est inimaginable si on la compare avec ce qu’on trouverait en Europe. Ils travaillent comme des fous et sont contrôlés dans tous les aspects de leur vie, que cela soit le poids ou même leur vie amoureuse. Les groupes sont tous fabriqué sur mesure par des boîtes de production et rien n’est laissé au hasard.

    Mais oui ! ma fille a eu sa période BTS et autres. Et du coup elle nous parlait de Corée du Sud à tout bout de champ ! Je m’étais un peu penchée sur la question : ils sont beaux, ils sont craquants, ils sont très très forts, ils sont … effrayants en fait en effet. Et il y a quelques suicides à déplorer.  

    Mais « l’excellence » nous met face à des contradictions : par exemple j’ai ce problème vis à vis de l’excellence russe en danse classique et en gymnastique, à la fois ça me fait rêver, à la fois la sélection et les modalités d’entrainement me déplaisent. Mais on ne peut nier qu’il y a, dans les écoles, la transmission d’un savoir-faire inestimable. Comme pour les asiatiques dans les arts graphiques. En revanche la K-Pop rentabilise des savoir-faire plutôt occidentaux en chant et danse.

    (Le Japon en général me fait cet effet de fascination/répulsion tout à la fois en fait.)

     

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    Après les mangas, l'arrivée des manhwas coréens

    Mon enfance n’a pas croisé le Club Dorothée et ses dessins animés japonais, je n’ai donc jamais accroché aux mangas par la suite. Mais je reconnais que leur production industrielle est une très belle réussite, tout comme les séries télé américaines qui tiennent le haut du pavé depuis des décennies. Et la déferlante des manhwas coréens est pour bientôt !

    En complément des articles partagés par Stéphane, voici un autre entretien avec la directrice du Lombard, Christel Hoolans, dans le journal belge Le Soir.

    « Christel Hoolans dirige les éditions du Lombard et Kana, le principal label manga du groupe Média-Participations, basé à Bruxelles. Kana a été créé à l’initiative d’un éditeur bruxellois au nez fin, Yves Schlirf, en 1996. C’est la maison d’innombrables best-sellers comme Naruto, Death Note, Detective Conan, Yu-Gi-Oh !, Monster, La Rose de Versailles ou Le Sommet des dieux.

    L’an dernier, le chiffre d’affaires de Kana a progressé de 120 %, sans même prendre en compte le succès du roman graphique de Goldorak. Nous avons fait appel au « jutsu », la compétence de Christel Hoolans, pour tenter d’éclairer les raisons de ce « seiko ».

    Comment expliquer le « seiko », l’immense succès, du manga enregistré ces deux dernières années sur le marché du livre franco-belge ?

    Dès avril-mai, on a vu un frémissement dans les ventes. Le confinement, Netflix et les plateformes d’animes spécialisées ont provoqué un rush. Netflix investissait depuis cinq ans déjà dans la japanime. Ils avaient un catalogue énorme. Depuis 2014, la croissance des ventes des mangas était ininterrompue. En 2019, on avait déjà connu une année historique et, là, les mangas ont encore explosé les records. Pour moi, c’est clairement Netflix qui a permis cet avènement. Si l’on prend l’exemple de Naruto, le héros de manga le mieux classé au Top 10 des ventes, la ressortie de ses dessins animés sur Netflix a entraîné des demandes sur toutes les catégories de ses produits dérivés. Et des tas d’autres séries de mangas ont des tomes 1 dans le Top 100 des meilleures ventes de bandes dessinées. C’est le signe d’un recrutement massif de nouveaux lecteurs.

    Le tsunami des mangas s’explique aussi par le fait que les anciennes séries fonctionnent aussi bien, voire mieux que celles du fonds ?

    Naruto est une série terminée depuis 2016 et avec l’effet Netflix, la série retrouve un succès énorme. Trois tomes sont dans le Top 10. Globalement, les nouveautés représentent 27 % de ventes de mangas pour 73 % au fonds. Les ventes sur les anciens tomes ont augmenté de 100 % pendant la pandémie. Les élèves privés d’école se faisaient les séries comme Naruto sur Netflix, puis avaient l’envie de lire les mangas, d’autant qu’il y avait des épisodes différents de ceux que l’on peut voir en animation. L’un nourrissait l’autre comme dans un cercle de magie vertueuse. Par ailleurs, les consommateurs de mangas sont très communautaires : ils partagent leur passion, se prêtent les différents tomes… J’ajoute qu’en France, il y a eu un effet booster grâce au « Pass Culture », au point que la presse l’a renommé « Pass Manga ». Tous les jeunes de 18 ans avaient droit à plusieurs centaines d’euros pour acheter des livres, des places de cinéma ou de concert. Le Pass a été énormément utilisé pour acheter des livres et 60 % des livres achetés étaient des séries complètes de mangas !

    La Belgique étant elle-même une terre de héros de BD, elle a longtemps résisté à l’engouement mondial pour le manga. Là, les francophones ont craqué mais pas encore les Flamands ?

    La Belgique francophone vient de vivre un bond historique dans les ventes de mangas. Beaucoup d’acheteurs sont des jeunes issus de l’immigration. Les mangas les ont ramenés vers le livre car c’est de la lecture extrêmement addictive. Les séries paraissent avec une nouveauté tous les deux ou trois mois, et un nombre de tomes qui peut aller jusqu’à 100 volumes, voire davantage. Les gamins les enchaînent car on est aussi accro qu’aux séries télé américaines. Pour ce qui concerne la Flandre, aucune série n’est parvenue à être rentable depuis dix ans. C’est une exception mondiale ! Une explication tient au fait que les Flamands préfèrent lire majoritairement des créations flamandes. Une autre est de constater que ceux qui sont intéressés par les mangas préfèrent les lire en anglais plutôt que d’attendre leur traduction en néerlandais…

    Le succès des mangas ne met-il pas en péril l’avenir des auteurs franco-belges ?

    La bande dessinée traditionnelle souffre de la concurrence non seulement des mangas, mais aussi des séries télé, des jeux vidéo… Le rythme de publication de nos auteurs ne correspond plus toujours à la demande actuelle. Faire patienter le lecteur pendant un an pour un tome 2 est devenu plus difficile. Mais il reste de la place pour de vrais succès franco-belges, comme Mortelle Adèle, Les Légendaires… L’édition franco-belge est aussi en croissance. On voit des premiers tomes de nouvelles séries avec des tirages impressionnants comme Elle, vendu à 80.000 exemplaires, alors que sa jeune autrice était inconnue jusque-là, ou les 20.000 exemplaires des Omniscients, œuvre d’une dessinatrice dont c’est le premier livre également. Je pense que les mangas provoquent des impulsions salutaires dans l’édition franco-belge.

    Pour mieux résister à la concurrence des mangas, ne faudrait-il pas changer notre façon de créer de la bande dessinée ?

    Le problème, c’est que nous vivons dans un monde diamétralement opposé. En manga, on est dans un univers industriel, où l’on cible la création en fonction des goûts des lecteurs. On intègre directement les produits dérivés dans la réflexion. Je dirais que le manga est dans le divertissement, alors que la BD est dans le 9e Art. Chez nous, une BD n’est quasi jamais une commande d’éditeur mais un projet d’auteur. Et quand on dit à un auteur qu’il va devoir travailler avec quatre autres, que son nom ne sera pas en couverture, qu’il sera payé au mois et ne touchera pas de droits si c’est un succès… c’est difficile à entendre ! Dans le manga, avant même d’écrire la première ligne du scénario d’une nouvelle série, on élabore une bible graphique qui dit tout des personnages : leur généalogie, leurs mensurations, leurs amis, leurs goûts, ce qu’ils mangent… Les personnages sont testés dans des magazines, là où nous n’avons plus de véritable presse de bande dessinée pour lancer des séries innovantes… Plus de 70 % des héros de manga actuels sont nés dans des journaux, dont le célèbre Shōnen Jump, créé en 1968…

    Après les mangas, faut-il s’attendre à une vague de manhwas coréens ?

    Les manhwas coréens dépassent le succès des mangas sur le digital, où l’on assiste à un tsunami ! Il y a déjà des millions de lecteurs de ces webtoons coréens en français. C’est feuilletonnant, avec de la nouveauté en continu. Ils ont un Google coréen, Naver, qui met des tonnes de créations chaque mois sur le réseau. C’est un autre monde. Les Coréens sont à la conquête du marché mondial de la bande dessinée. Ils inondent le marché de créations gratuites et occupent le temps de cerveau des ados franco-belges pour qu’ils ne lisent plus que ça. Les auteurs de webtoons sont des employés de studio. Leur statut n’est pas du tout le même que celui de nos auteurs de bandes dessinées.

    Vous avez un manga initiatique à recommander pour ceux qui n’en ont jamais lu ?

    Lorsque nous vivions ensemble, de Kazuo Kamimura, un manga de niche, dans un style poétique un peu nouvelle vague, ou Sunny de Matsumato Taiyo, dont je suis une très grande fan. Il a un style proche du roman graphique. Il nous fait passer par toutes les cases de l’émotion : on pleure, on rit, on a des papillons dans le ventre. »

    Source : Journal Le Soir

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